Rubrique@Net: Nos Régions

Dans son journal du 13H notre regretté Jean Pierre avec ses petits marchés de Provence et la découverte des produits et des producteurs de nos régions avait trouvé un sujet passionnant, de dimension nationale et bien ancré dans nos racines. Tout comme la bière. Son essor sur tout le territoire touche aussi bien les régions productrices de vin, de cidre ou de chouchen que les anciennes régions de tradition brassicole. De Bray-Dunes à Prats de Mollo, de Kiesweg à Ploumoguer en passant par Picherande (le nombril de la France), ça mousse ! Et les DROM-COM ne sont pas en reste.

Treize régions en métropole, cinq en outre-mer, de quoi caser nos 2300 brasseries et quelques. Dans le trio de tête en nombre de brasseries artisanales se trouvent l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est et la Nouvelle Aquitaine mais il faut consulter l’annuaire car les chiffres bruts ne sont pas très parlants. Ensuite suivent L’Occitanie, la Bretagne et les Hauts de France, les autres sont dans un mouchoir de poche comme on dit. En clôture nous trouverons le Centre Val de Loire et la Corse.

La Bretagne nous a montré, il y a bien longtemps déjà, la voie de la bière artisanale avec la Coreff et aujourd’hui nous pouvons apprécier l’impressionnante couverture brassicole que cette région nous offre. La  » petite  » région Ile de France est bien représentée sur le panel national et ce depuis longtemps également, des pionniers de la craft y sévissent encore.

Pour promouvoir leurs bières les régions et départements créent des labels pour se démarquer, insister sur l’aspect qualitatif, le côté terroir-saveur, les bières de caractère et tout ça et là c’est la valse des étiquettes, ça part dans tous les sens. Cependant côté labels officiels nationaux ou européens on ne trouve pas bin grand-chose. Sur le registre européen pas de bière française que ce soit en IGP, STG, AOP, quelques bières Tchèques, Allemandes et Belges mais cela reste vraiment confidentiel. Quelques mentions existent en parallèle comme « Produit de la ferme » ou encore « Produit de la montagne ». Mais le consommateur est-il vraiment sensible à ces logos ? Une bière estampillée  » Profession Brasseur  » du SNB sera-t-elle préférée à une autre badgée  » Brasseur Indépendant  » du SNBI ? … Les publicitaires semblent le croire.

Quand tout ce petit monde se retrouve au concours général agricole, le classement est légèrement bouleversé, et là, excusez du peu, la région Hauts de France cartonne ! Sur d’autres concours nous trouverons bien entendu d’autres lauréats, à Lyon capitale de la gastronomie, Avignon, Saint Nicolas de Port pour les fourquets ou même la foire de Brignoles. Mais vous le savez, d’une part on ne peut pas concourir partout et d’autre part entre subjectivité, fiches de notation, catégories, sensibilités et compétences des jurys les paramètres sont nombreux à entrer en jeux. Autant dire qu’il y a de la place pour tout le monde. Ce ne sont pas le Worl Beer Award ou le World Beer Cup et ses 103 catégories et 307 récompenses qui diront le contraire.

La France est une terre d’agriculture et donc naturellement les fermes produisant les ingrédients de base sont idéalement placées pour produire elles-mêmes de la bière et dans la dynamique actuelle du consommer local, régional, de l’économie circulaire, cela est tout à fait cohérant. Mettre en place un système du champ à la chope, ouvrir une brasserie paysanne de l’Artois, ou la ferme Beck avec production et transformation des ingrédients sur place ou dans la région c’est un retour à ce qui se faisait avant, c’est le principe du retour de bâton ou le coup du boomerang selon du côté où l’on se place. Bon, bien entendu tout a été revu avec l’arrivée du bio, les énergies renouvelables, l’impact carbone ou encore le crowdfunding.

En tout cas côté régions ça bouge depuis la fin des confinements, c’est reparti pour les salons, marchés, foires, festivals, les brasseurs sont là et le public répond à l’appel. Nous allons pouvoir redécouvrir les différentes routes de la bière, les accords mets-bières et la gastronomie régionale, visiter les cités de la bière et celles à venir…Demandez le guide !

En cette période de vacances les Français vont beaucoup bouger, c’est le moment de partir à la découverte des autres régions, aller chez nos artisans découvrir ce qui se fait ailleurs, la France a un incroyable talent parait-il, cocorico, et la décentralisation a du bon. Profitons-en pour porter la bonne parole également et convertir les restaurateurs, cafetiers et autres patrons d’établissements encore trop frileux ou accrochés à leur contrat brasseur avec les grandes marques et leur conseiller d’aller voir juste à côté de chez eux des gens de leur région plein de créativité, d’enthousiasme et de sympathie, les brasseurs et brasseuses artisans. Alors les ami(e)s à la bonne votre, rendez-vous devant le 13H et ailleurs mais ensemble à nouveau, enfin !

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Pierre ULTRÉ

Rubrique@Net: Girl Power

La bière fait sa révolution et les femmes s’y invitent sans complexe. Déjà impliquées depuis longtemps dans la fabrication de la bière c’est le retour en force. Elles apportent leur contribution au mouvement craft mais aussi dans l’industrie, à tous les postes avec de nouvelles sensibilités, de nouveaux engagements de nouvelles idées et ne leur parlez pas de « bière de femme » au risque de vous prendre un coup de botte … rose.

Une réinterprétation de Femmes des années 80 pourrait donner Femmes des années 2020 et on Sy trouverait Julie responsable de la Brasserie du Cateau et mannequin, Hortense femme braceresse et paysanne résiliente, Émilie, la binouz girl, maman, brasseuse et prof, jusqu’à Madame Dusse qui oublie qu’elle n’a aucune chance et qui fonce. Joséphine a fait comme dans une autre chanson, elle a osé, brasseuse chez De Clerck où elle poursuit l’activité de son père et rockeuse, applaudissements s’il vous plait !

Il y a aussi Agathe qui ferme son Baragouin pour faire encore mieux et créer avec ses associés son brewpub, Armelle pionnière et toujours passionnée créatrice de Pietra, Marie créatrice de Maloan, Nathalie innovante avec ses crackers à la drèche, Aurélie (la fille du Steph’ ) brasseuse à domicile. Voyageons et allons voir Aline première femme brasseuse aux Caraïbes. Et les jeunes arrivent, Amoryne, 16 ans, a déjà l’ambition de travailler dans le domaine, épaulée par José (un habitué du FIBA) auteur du livre « La bière une histoire de femmes ».

Nos collègues du sud ont fait évoluer le nom de leur association, ils se sont choisi un nom que l’on qualifie d’inclusif : le Club des Ami.e.s de la Bière. Ils ont décidé ainsi de promouvoir la participation féminine et de lutter contre le discours sexiste dans le milieu brassicole. Certaines voix se font entendre par ci par là d’ailleurs pour dénoncer des bières sexistes et beauf et effectivement en la matière on peut déplorer du « no limit ».

Publicités, nouveaux produits délirants, noms choquants, préjugés bien ancrés ou « blagues à papa » pas très fines, ça nous a fait rire avouons-le, mais le trop étant l’ennemi du bien c’est comme pour l’alcool : c’est avec modération. Heineken, Skol, se payent des campagnes de bonne conscience et désavouent certaines de leurs anciennes publicités aujourd’hui badgées sexistes. Cela dit il ne faut rien lâcher car rien n’est gagné d’avance, si voyez ce que je veux dire…

Des femmes se fédèrent en clubs, en associations et rayonnent jusqu’à l’international. Nous avons connu le club des buveuses de bière en talon aiguille, nous voyons arriver Tery et sa pink boots society. Des sites web très bien faits voient le jour ; l’incontournable club bierissima d’Élisabeth, l’énorme hoppy hours de Carol-Ann, Allegoria de Dorothée, Sonia et son Rigal de la bière. Amélie, expatriée en Écosse, a créé le club Beer Without Beards ainsi que le Women In Beer Festival. En Grande Bretagne le club Dea Latis essaie également de trouver sa voie, entre indépendance et influences. Ajoutons une pincée de revendications féministes, de sororité, comme en parle Anaïs de Reims dans son livre Maltriarca.

Parlons parité alors, la parité se mesure à l’aide de l’index Egapro, le ministère du travail met en ligne le fichier national des index mais vous pouvez aussi utiliser le moteur de recherche pour savoir où en est votre brasserie préférée ( …ou pas, question de taille d’entreprise).

Quelques exemples intéressants : score index égalité 86/100 chez Meteor, 92/100 chez Heineken, 94/100 chez Ninkasi. Chez Kronenbourg on annonce 2/3 de femmes parmi les maitres brasseurs. A priori la Brasserie Lilloise est exemplaire et un accord collectif est en cours sur l’égalité à la Brasserie Goudale. La brasserie Flora 2, inscrit dans ses statuts le renforcement du lien social en tant que grand axe. A noter que l’on trouve aussi des aides financières spécifiques aux femmes.

Celles-ci aiment aussi partager leur passion sur les médias, il faut bien se faire mousser de temps en temps ! Et étant donné qu’elles ont un cœur (on n’en doutait pas) de belles initiatives apparaissent comme Helen qui fait rimer bière et solidaire avec l’opération buvons solidaire de l’association coaching suspendu. Un peu plus loin au Rwanda des femmes gagnent leur autonomie grâce à la fabrication de bières artisanales.

Céline à Lille nous propose d’aller chercher bonheur avec ses cours de beer Yoga et Sabine à Douai a fait le grand écart… professionnel en ouvrant sa Taverne du Grand Hacquebart. Vous voyez, Patrick se demandait « où sont les femmes ? » j’ai envie de dire ; elles sont là ! Julien déclamait « Femmes je vous aime » j’ai envie de dire : il n’y a pas que toi mon Juju, tout le monde les aime quand elles s’impliquent dans la bière de cette façon. Alors je vous dis « A la prochaine et santé à vous les amis…oups…les ami(e)s.

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Pierre ULTRÉ

Rubrique@Net : Le côté obscur

Dans le monde de la bière il n’y a pas que des verres clinquants, des cuivres rutilants et de chouettes étiquettes. Même si les amateurs connaissent certaines faces cachées de la bière comme le nom des brasseurs, les levures utilisées, le lieu de production, l’histoire de la brasserie et autres légendes, derrière tout cela se trouve aussi un côté plus obscur. Des pratiques pas jolies-jolies, des trafics, des combines, des arnaques, des tracas, des maladies, des parasites, des nuisibles, des pollutions et d’autres dangers qui rôdent. Nous ne vivons pas dans un monde de bisou-mousse.

Accords illicites, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, les plus grands groupes se sont fait et se font encore épingler, et bim! La Suisse, elle, a mis un terme à un obscur partage du marché interne, au nom très évocateur : le Cartel, un système d’entente légal entre état et brasseries. Ailleurs, des sociétés françaises sont montrées du doigt dans d’autres parties du globe et dès qu’il y a des interdits des contrebandiers agissent, dès qu’il peut y avoir spéculation des marchés parallèles fleurissent. Mais que fait la police ?

L’alcoolisme, définitivement classé côté obscur de notre boisson favorite, est un fléau à dénoncer et nous le combattons en mettant en avant la qualité de la bière, l’art de la dégustation, les accords mets-bière, le travail des brasseurs etc… Pierre-André DUBOIS l’écrivait déjà dans son premier article paru dans la gazette N°1 en 1986  » Un verre, deux verres, pas trop ! » comme dirait Denis : rendez-vous compte ! « Boire un petit coup c’est agréable » disait la chanson, vous connaissez la suite. Oui pour quelques lapées et non pour de grandes lampées, siroter sa bière en voilà une jolie expression. Quelques rares bizarreries de la nature seront excusées et pour certains hauts placés personne n’ose encore se prononcer…

La Loi Evin est contournée, les grandes marques font appel à des agences spécialisées pour s’en accommoder ou plus discrètement à des influenceuses (très sympathiques au demeurant) sur les réseaux sociaux. Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, dénonçait les bières trop fortes à l’attention des jeunes et les stratégies utilisées pour installer l’addiction. N’oubliez pas, le dry january vous veut du bien ! Et de nombreuses bières savoureuses et à faible teneur en alcool apparaissent chez les artisans, on vous aide même à les brasser.

La guerre ! Entre nous, un brasseur d’Etreux, nommé Pabert, touché par la guerre et témoin de son époque n’en donne pas vraiment envie. D’autres guerres se déroulent, les guerres de marchés, guerre entre industriels et artisans, guerre des prix. Une petite pensée pour les pauvres brasseurs orphelins qui n’attendent qu’une chose : être adoptés. Comme on dit : « Qui veut la paix prépare la bière ». Et, en ces temps pandémiques, le mot pénurie revient à nos oreilles, pénurie de bière, pénurie de matières premières, de matériel, voire même de bouteilles.

Les accidents du travail, la rémunération du brasseur, la convention collective du métier son rarement mis en avant aussi. Il en est de même pour la légalité du brassage amateur qui à priori était une zone « grise », obscure, il n’y a pas si longtemps encore.

On parle aujourd’hui d’empreinte écologique, de rejet des eaux usées, de bilan carbone, durabilité, OGM, mais à la base se sont de vrais problèmes pour l’industrie brassicole et heureusement les solutions sont là, c’est une filière industrielle entière qui se développe, les brasseries sont sous la lorgnette. Il n’empêche que de très anciens dangers subsistent encore, sulfure d’hydrogène, CO2 incolore inodore et depuis tout temps les ravageurs sans pitié et maladies qui agissent en silence, discrètement, bien cachés et quand on s’en aperçoit il est trop tard. Infections, contaminations, la solution c’est la prévention.

Peu exposés sur la place publique également, les dépôts de bilan, les reventes et autres entrées discrètes au capital, l’espionnage industriel, les brevets sur le breuvage, impôts, taxes, abus d’aides publiques rythment aussi, hélas, la vie trépidante des entreprises. Il y a aussi l’inflation du prix de la pinte, mais ça ils ont du mal à nous le cacher hé hé.

Alors les amis certes ce côté obscur de la bière n’a rien à voir avec des EBC supérieurs à 46, brune, stout, noire, porter, ce sera pour une autre fois. Heureusement, en tant que dégustateurs vous le savez, tout est question d’équilibre et si du côté obscur on trouve des bières aux noms évocateurs de Lucifer, Mort subite, Fin du monde, Corbeau, Démon, Troll et Anges déchus, d’un autre côté on trouvera des Paix Dieu ainsi que tous ses saints, St Sixtus, St Landelin, St Arnould, et même des Fées bien sympathiques. Alors, hop, après tant d’émotions, un petit coup d’Eau Bénite, on sonne l’Angélus, quelques Pater et la Messe est dite. Que la force soit avec vous.

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Pierre ULTRÉ

Rubrique@Net : Les jeunes

La génération Y à peine établie voici que les Z pointent déjà le bout du nez dans le Nord-Pas de Calais. Les jeunes, culottés, audacieux et en même temps insouciants, ces cadets qui nous renvoient dans nos vingt-deux mètres avec leur « t’inquiète je gère » promettent de nous en faire voir de toutes les couleurs. Alors que leurs goûts peuvent changer au grès des « like » sur les réseaux sociaux, à leur façon ils apprennent de leurs ainés et forgent leur expérience. Ils sont préoccupés par l’environnement, le bio. Ils sont en mode découverte de la bière et ses traditions mais aussi apportent leurs innovations.

Les jeunes sont joueurs, beer pong et autres jeux à boire ont la côte même si de ce côté-là ils risquent de découvrir le mauvais côté des excès en tout genre. Ils ont inventé le réseau social orienté bière, le SimCity version brasseur, les blogs, podcast, les applis, les séries web et Netflix et tout le microcosme qui va avec : les influenceurs, les bloggeurs, les youtubeurs, les tweeteurs, tous des beer geeks ! Et si ça peut servir à rencontrer et échanger, se montrer, se fédérer, ils n’ont pas de limites.

Les jeunes ont des idées, on peut leur faire confiance pour nous surprendre, en innovant ou au contraire en remettant au goût du jour les bouteilles consignées, en dépoussiérant le bar du coin en nouveau concept de « bar à bières », en perfectionnant le vieux growler ou la glacière, en reprenant la boite de son grand-père, en créant le calendrier de l’avent façon beer lover. Ce sont les rois du contre-pied car, dans le même temps, d’autres développent des algorithmes pour créer la bière du futur sur base d’intelligence artificielle ou ouvrent le premier salon virtuel du brasseur.

Les jeunes n’ont pas beaucoup de budget, alors ils se débrouillent pour dénicher les bons plans bière sur leur smartphone avec Toogoodtogo par exemple, les plus malins pourront même boire des bières gratos. Là aussi le covid est passé et de nouvelles pratiques sont apparues, on se fait beaucoup livrer maintenant et le click and collect a du succès aussi.

Ils découvrent la bière, passent de la phase »beurk j’aime pas » à « on sent bien le dryhopping sur celle-là », ils évoluent et progressent en fréquentant (sauf fermeture… ) les bars, terrasses, cafés, restaurants, estaminets et boites de nuit, les fêtes et festivals, lieux majeurs pour toutes les découvertes.

 Idem dans le cercle familial, grand lieu d’échanges, le confinement ne va pas aider à revoir le tonton qui leur ferait découvrir une Duchesse de Bourgogne ou leur parlerait du temps où il allait acheter sa St Sixtus à Westvleteren. Reste le cercle familial proche, plus restreint évidemment, où un jour, curieux ou lassés des « softs » proposés par les fast food, ils finiront par aller goûter la Rodenbach à papa ou une craft locale en stock à la cave, mais pas touche à la Charles Quint car interdite aux moins de 35ans, on ne « kiffe » pas une Ommegang.

Cela dit, parlons entreprise, l’argent étant le nerf de la guerre, comment font-ils pour trouver des fonds pour s’installer quand ils arrivent les mains vides sur un marché inconnu des banquiers trop frileux ? Hé bien ils partent voir ailleurs et ils trouvent le crowdfunding, les micro-crédits, les prêts d’honneur, le financement éthique ou la débrouille. Pour certains le pari a fonctionné, pour d’autres la stratégie devra être reconsidérée mais le financement participatif a le vent en poupe, KissKissBankBank, Miimosa, Ulélé, Tributile, Tudigo, mettent en ligne de nombreuses campagnes avec à chaque fois plusieurs niveaux ou solutions de retour sur investissement.

Certains jeunes ont bouleversé les codes avec succès, la brasserie écossaise Brewdog a tout chamboulé, ligne de produit, philosophie, design, apport de fonds et actionnariat participatifs au moyen de leur programme Equity for Punk, influence sur les réseaux sociaux, partage de recettes, tout cela en produisant des bières goûteuses et authentiques. Paradoxal vous avez-dit ? Exemple à suivre ? Dans la région chez Anosteké on sent bien aussi cette énergie, ils jouent, eux, sur d’autres valeurs clef, notre patrimoine, les estaminets, le régional, les Flandres, la bière bien sûr et le consommer local.

Les amis, il faut savoir rester jeune et la bière est un très bon moyen d’y parvenir, regardez ce ne sont pas quelques siècles chez Meteor qui les empêchent de se donner un sacré coup de jeune, et pour 25 ans de brassage on dira que la question ne se pose même pas pour d’autres. Et après tout, si à 78 ans Paul chante « Let it beer » et à 62 ans Bruce hurle encore « Run to the beers », on peut penser que la bière doit aider à rester jeune. La bière fontaine de jouvence, concept intéressant qui demande vérification, à la bonne votre les jeunes.

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Pierre ULTRÉ

Rubrique@Net : En voyage

Les voyages font partie de l’ADN des brasseurs, d’abord pour aller choisir et acheter leurs matières premières, leur matériel, trouver des fournisseurs, négocier, présenter et vendre la production, dans les foires, salons, expositions, participer aux concours, mais aussi pour se former, transmettre, aller chercher de nouvelles idées, des influences, de nouvelles techniques, pour échanger avec des confrères ou simplement par curiosité, pour chercher l’inspiration, laisser traîner les yeux. Rappelez-vous l’origine des IPA ou encore la provenance de la levure carlsbergensis : les voyages.

Ajoutons les voyages de détente, ha les vacances ! Alors brasseur ou pas, sortons de notre bulle, allons un peu voir ce qui se passe plus loin. Y aurait-il de la bonne bière ailleurs que dans les Hauts de France ? Les destinations ne manquent pas, un coup d’œil rapide sur une carte nous montre l’étendue des possibilités, la répartition est globale, mondiale.

Avant de partir quelques conseils : savoir commander une bière dans la langue du pays visité, savoir combien elle va vous coûter, connaître les us et coutumes pourrait éviter certains faux-pas. Pendant le voyage il est rare de boire de la bonne bière alors une fois arrivé, pendant la sieste, il ne faudra pas laisser votre bière au soleil. Ne pas s’emmêler la latitude et la longitude pour ne pas perdre tout le monde et enfin ne pas se tromper de destination en allant voir les Amis de La Bière en Pologne, oups !

Partons, loin tant qu’à faire, au-delà de Fleury-en-Bière (F), disons plein Est, dépassons la commune de Bière (CH), survolons Munich pour voir si l’ont fait la fête ailleurs aussi, allons piquer une tête dans la piscine de Tarrenz, dépassons Pilsen et faisons du bateau à Prague, trouvons des Thraces en Grèce. Osons mettre le cap sur le moyen Orient et des « bières »… orientées, c’est bon comme là-bas dit, on a bien entendu parler d’un Festival de la bière au Maroc ? Si le cœur vous en dit, faites un crochet par l’Afrique et ses spécialités.

Cap à l’Ouest, une escale à Burton Upon Trent puis direction la Guadeloupe pour remonter vers St Pierre et Miquelon, aller saluer les canadiens et découvrir des amoureux et pionniers de la craft beer et suivre leur série de reportages, ils peuvent « péter de la broue, tabarnak ».

En Amérique prendre le train à la gare centrale de New-York et, en y regardant bien, trouver une Thiriez de Noël. Aller à la Maison Blanche voir si la brasserie a survécu au cataclysme et tâter le terrain en matière de tendance dans ce pays précurseur. Dire bonjour aux dames en bottes roses. Visiter l’église de Pittsburg et allumer un cierge à St Arnould. Discuter avec John Kimmich un expert de la hazy beer (absent de la Rubrique@Net N°2, mais il yen a tellement…)

Sinon direction le grand Nord, en Scandinavie découvrir un brassage ancestral et sa levure typique le kveik ou pourquoi pas visiter la brasserie la plus extrême ?

Beaucoup plus loin, au pays du soleil levant faites connaissance avec les bières et traditions du Japon ou du Vietnam et savourez une 333 export, ça ne s’invente pas. En Chine allez donc faire un tour à la fête de la bière façon 21e Siècle. Ils ont même leur concours réservé aux bières asiatiques à Singapour. Chez eux l’arrivée des craft beer et du brassage amateur se fait simultanément, ils découvrent tout en même temps et les brasseurs sont plutôt des expatriés.

Enfin aller jusqu’aux antipodes et se rendre compte qu’ils ont déjà tout ce qu’il faut et qu’ils s’y connaissent autant que nous, Australie, Nouvelle Zélande, Tahiti, île de Pâques, Hawaii ça micro-brasse partout, même de la NEIPA ou du hard seltzer comme aux states.

Les plus sportifs peuvent essayer de suivre ce grand voyageur un peu espion lui aussi ou se payer un petit voyage dans l’espace pour … cultiver de l’orge, ou encore devenir un « coureur des boires » et partir partout autour du globe et, peut-être un jour, revenir. Ou pas…

Alors les Amis, profitez de ces temps de confinements où les zeppelins ont du plomb dans l’aile pour préparer vos futures destinations, le monde de la bière est vaste, vivant et collaboratif comme jamais il ne l’a été. « Rester c’est exister, mais voyager c’est vivre » comme disait le vieux sage, « regarde au-delà de ce que tu vois » comme disait le vieux singe.

Le couvre-feu peut avoir du bon, donnez vous du temps, pour la lecture de la Gazette par exemple, de magazines, enrichissez votre culture zythologique et biérologique, faites de beaux projets, en dégustant votre bière. À votre santé mes gens.

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Pierre ULTRÉ