Rubrique@Net : En voyage

Les voyages font partie de l’ADN des brasseurs, d’abord pour aller choisir et acheter leurs matières premières, leur matériel, trouver des fournisseurs, négocier, présenter et vendre la production, dans les foires, salons, expositions, participer aux concours, mais aussi pour se former, transmettre, aller chercher de nouvelles idées, des influences, de nouvelles techniques, pour échanger avec des confrères ou simplement par curiosité, pour chercher l’inspiration, laisser traîner les yeux. Rappelez-vous l’origine des IPA ou encore la provenance de la levure carlsbergensis : les voyages.

Ajoutons les voyages de détente, ha les vacances ! Alors brasseur ou pas, sortons de notre bulle, allons un peu voir ce qui se passe plus loin. Y aurait-il de la bonne bière ailleurs que dans les Hauts de France ? Les destinations ne manquent pas, un coup d’œil rapide sur une carte nous montre l’étendue des possibilités, la répartition est globale, mondiale.

Avant de partir quelques conseils : savoir commander une bière dans la langue du pays visité, savoir combien elle va vous coûter, connaître les us et coutumes pourrait éviter certains faux-pas. Pendant le voyage il est rare de boire de la bonne bière alors une fois arrivé, pendant la sieste, il ne faudra pas laisser votre bière au soleil. Ne pas s’emmêler la latitude et la longitude pour ne pas perdre tout le monde et enfin ne pas se tromper de destination en allant voir les Amis de La Bière en Pologne, oups !

Partons, loin tant qu’à faire, au-delà de Fleury-en-Bière (F), disons plein Est, dépassons la commune de Bière (CH), survolons Munich pour voir si l’ont fait la fête ailleurs aussi, allons piquer une tête dans la piscine de Tarrenz, dépassons Pilsen et faisons du bateau à Prague, trouvons des Thraces en Grèce. Osons mettre le cap sur le moyen Orient et des « bières »… orientées, c’est bon comme là-bas dit, on a bien entendu parler d’un Festival de la bière au Maroc ? Si le cœur vous en dit, faites un crochet par l’Afrique et ses spécialités.

Cap à l’Ouest, une escale à Burton Upon Trent puis direction la Guadeloupe pour remonter vers St Pierre et Miquelon, aller saluer les canadiens et découvrir des amoureux et pionniers de la craft beer et suivre leur série de reportages, ils peuvent « péter de la broue, tabarnak ».

En Amérique prendre le train à la gare centrale de New-York et, en y regardant bien, trouver une Thiriez de Noël. Aller à la Maison Blanche voir si la brasserie a survécu au cataclysme et tâter le terrain en matière de tendance dans ce pays précurseur. Dire bonjour aux dames en bottes roses. Visiter l’église de Pittsburg et allumer un cierge à St Arnould. Discuter avec John Kimmich un expert de la hazy beer (absent de la Rubrique@Net N°2, mais il yen a tellement…)

Sinon direction le grand Nord, en Scandinavie découvrir un brassage ancestral et sa levure typique le kveik ou pourquoi pas visiter la brasserie la plus extrême ?

Beaucoup plus loin, au pays du soleil levant faites connaissance avec les bières et traditions du Japon ou du Vietnam et savourez une 333 export, ça ne s’invente pas. En Chine allez donc faire un tour à la fête de la bière façon 21e Siècle. Ils ont même leur concours réservé aux bières asiatiques à Singapour. Chez eux l’arrivée des craft beer et du brassage amateur se fait simultanément, ils découvrent tout en même temps et les brasseurs sont plutôt des expatriés.

Enfin aller jusqu’aux antipodes et se rendre compte qu’ils ont déjà tout ce qu’il faut et qu’ils s’y connaissent autant que nous, Australie, Nouvelle Zélande, Tahiti, île de Pâques, Hawaii ça micro-brasse partout, même de la NEIPA ou du hard seltzer comme aux states.

Les plus sportifs peuvent essayer de suivre ce grand voyageur un peu espion lui aussi ou se payer un petit voyage dans l’espace pour … cultiver de l’orge, ou encore devenir un « coureur des boires » et partir partout autour du globe et, peut-être un jour, revenir. Ou pas…

Alors les Amis, profitez de ces temps de confinements où les zeppelins ont du plomb dans l’aile pour préparer vos futures destinations, le monde de la bière est vaste, vivant et collaboratif comme jamais il ne l’a été. « Rester c’est exister, mais voyager c’est vivre » comme disait le vieux sage, « regarde au-delà de ce que tu vois » comme disait le vieux singe.

Le couvre-feu peut avoir du bon, donnez vous du temps, pour la lecture de la Gazette par exemple, de magazines, enrichissez votre culture zythologique et biérologique, faites de beaux projets, en dégustant votre bière. À votre santé mes gens.

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Pierre ULTRÉ

Rubrique@Net : Les Experts

Ste Hildegarde et nombre de ses prédécesseurs inconnus ont pendant 12000 ans apporté leur expertise à la création d’un breuvage, dont Philippe LEBON aurait un jour officialisé le nom pour les quelques siècles à venir, la bière. À l’ère industrielle des experts de tout poil, de tous pays, de toutes spécialités, de tous niveaux aussi,ont continué à faire vivre cet élan insufflé depuis la nuit des temps et ceci pour notre plus grand bonheur.

Les moines, par leur savoir et leur labeur,ont contribué à la transmission, à l’amélioration et à l’aboutissement de ce produit d’une extrême complexité. Ils sauvegardent leur savoir-faire maintenant grâce aux laïcs et les labels bière d’Abbaye et Trappiste restent un gage de qualité et de bières savoureuses. Les brasseries abritent aussi évidemment de nombreux experts « maison » par générations entières parfois. Chez SPATEN, par exemple, où la famille SEDLMAYR a mis au point la fermentation basse, prosit !

Parallèlement les gousteurs et experts des bonnes pratiques sont apparus, les Eswards Cervoisiers et leurs descendants à la DGCCRF (un peu moins poétique) ou encore au niveau européen la EFSA et ses scientifiques de pointe qui légifèrent sur les directives et cahiers des charges à imposer.

Il y a les experts du contenu mais aussi les experts du contenant. Mettre au point le tonneau a dû exiger la mise en commun de nombreux savoir-faire chez les Gaulois, peut-être autant que cette débauche d’ingénieurs pour la languette des canettes d’alu… Si ça se trouve, la bouteille en papier, fait peut-être encore travailler de nombreux experts en ce moment même, dans le secret des bureaux de R&D, allez savoir.

Une expertise ça se travaille, ça se développe, ça se diversifie ou ça se spécialise. Dans la recherche, les labos, des carrières se dessinent. Les mastodontes du business raffolent aussi des experts en marketing, packaging, piping, cleaning, lobbying, advertising, merchandising et tutti-quanting.

La levure s’est octroyé les services d’un génie, Louis PASTEUR et aujourd’hui les experts de chez Fermentis travaillent toujours à améliorer ces petites bêtes qui, au grand dam des mathématiciens, se multiplient en se divisant. La levure c’est leur gagne-pain.

L’orge et son malt ont leurs experts aussi et la bataille fait rage car les intérêts sont mondiaux, volumes, qualité, diversité et nouveautés, adaptation aux consommateurs, stratégies sont au rendez-vous.

Pour les experts du houblon ? Voyez la Rubrique@Net n°1.

En dégustation certains ont développé une expertise reconnue. Biérologues, zythologues, Ronny COUTTEURE, Roger PROTZ ou Mickael JACKSON (le Beer Hunter et non le King of Pop) ont leurs descendants et descendantes qui écument les brasseries, les bars, les supermarchés ou juste leurs frigos pour certains(nes).

D’autres comme Elisabeth PIERRE se font une place méritée dans le milieu au travers de nombreux médias, magazine, guides, encyclopédie, podcast, TV. Ici c’est la passion qui mène à l’expertise et parfois jusqu’à la publication de sites experts.

Les passionnés trouveront facilement maintenant une formation sur le Net ou un Bar à Bières comme on dit de nos jours pour se faire guider par des experts et progresser.

Un protocole de dégustation ? Un programme de certification ? Une appli ? Pour ceux qui veulent officier dans les concours: le BJCP.

Certains accumulent à eux seuls une telle science du brassage que nous les appelons alors Maîtres. Ils maitrisent leur sujet, forment, découvrent, créent, explorent. D’ailleurs nous n’oublierons pas l’un d’eux réputé pour ses « bébés Senéchal ».

Enfin, devinez par qui tous ces gens se font servir une bière lors d’une petite soif ? Mais par des experts du service bien sûr, certifiés Cicerone, voire des sommeliers de la bière.

Alors les amis vous pensiez peut-être aux Experts à New York, Los Angeles ou Miami ?

« Y’en a » comme disent les Tontons, et même si quelques crimes sont commis…, cultivons plutôt le bon goût, l’harmonie, le savoir vivre et le savoir partager, autour d’une bonne bière, c’est de l’amitié liquide.

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Pierre ULTRÉ

Rubrique@Net : Le Houblon

Superstar de la tendance actuelle, il explose les standards, les règles, les codes.

Sous toutes ses formes, de toutes origines et de tous dosages, le houblon est en ébullition…
Qui l’eut cru ?
Son commerce se globalise, sa culture se relocalise.

Hop! Overdosé dans la Mikkeller 1000, ou avec d’improbables parfums comme le Nelson-Sauvin, il est multi-associé dans La Dix. Sa présence doit s’afficher, c’est un argument commercial. Raoul le chantait déjà : l’amer monte…

Les Américains sous l’impulsion du mouvement craftbeer nous concoctent des variétés à ne plus s’y retrouver dans les tableaux.

Les Allemands ne sont pas en reste et les Japonais font rêver avec leur Sorachi.

Les Français sont présents aussi, et soufflent le Mistral

Au naturel, le houblon se présente sous forme de cônes mais les industriels et leur sacrosainte rentabilité le métamorphosent à coup d’hydroxyde de magnésium, de solvant hexane ou éthanol de CO² à haute pression ou encore de solutions alcalines au sel de potassium.

A croire que nos chers pellets seraient destinés à finir ….dans le poêle.

Côté amertume, les IBU tirent sur les EBU et on nous conseille même, mes chers compatriotes, de voter pour le RBR, la relativité de l’amertume.

Côté concurrence, le houblon Amarillo fait face au houblon Zeus, de A à Z, de l’Admiral au Zithos tout l’alphabet est pris, il ne reste que le X ….avis aux amateurs.

Des noms très imagés sont déposés :
Glacier, Ella, Magnum, Perle, Melba, Mosaïc, Sterling, Herkules, Apollo, Falconer’s, Millénium, Pioneer, Galaxy, Comet, Crystal, Challenger, Cascade, Dr RUDI, Eureka, Bravo Ultra.

Arrivent aussi maintenant les noms de code : GJ2, GR50, GS10, P10-9.

Certains passent aux houblons maison ou encore aux houblons sauvages. En effet on en trouve partout, mais pas tout le temps. Baladez vous autour de chez vous à la saison du FIBA, humez l’air, on peut sentir sa présence. Congélation autorisée en sac hermétiques pour garder ses parfums et surtout ne pas parfumer toutes les autres denrées du congélo.

Acide Alpha, acide Bêta, humulone, cohumulone, adhumulone, huiles essentielles, lupuline, lupulin et lupulone un vrai cocktail, une usine à chimie et à chimistes.

Et tant pis pour les quelques cônes qui finiront dans l’oreiller de grand-mère ou en déco façon estaminet, en sauce , en confiture ou en plats divers et variés, alimentant toute une littérature et certains autres débordements ʺ d’ outres ʺ atlantiques….
jusqu’à la cassure.

Devant tant d’abondance, chers amis, je pense que nous pouvons conclure sans risque que pour les brasseurs, Saaz’ présente plutôt bien.

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Pierre ULTRÉ