Rubrique@Net : Les jeunes

La génération Y à peine établie voici que les Z pointent déjà le bout du nez dans le Nord-Pas de Calais. Les jeunes, culottés, audacieux et en même temps insouciants, ces cadets qui nous renvoient dans nos vingt-deux mètres avec leur « t’inquiète je gère » promettent de nous en faire voir de toutes les couleurs. Alors que leurs goûts peuvent changer au grès des « like » sur les réseaux sociaux, à leur façon ils apprennent de leurs ainés et forgent leur expérience. Ils sont préoccupés par l’environnement, le bio. Ils sont en mode découverte de la bière et ses traditions mais aussi apportent leurs innovations.

Les jeunes sont joueurs, beer pong et autres jeux à boire ont la côte même si de ce côté-là ils risquent de découvrir le mauvais côté des excès en tout genre. Ils ont inventé le réseau social orienté bière, le SimCity version brasseur, les blogs, podcast, les applis, les séries web et Netflix et tout le microcosme qui va avec : les influenceurs, les bloggeurs, les youtubeurs, les tweeteurs, tous des beer geeks ! Et si ça peut servir à rencontrer et échanger, se montrer, se fédérer, ils n’ont pas de limites.

Les jeunes ont des idées, on peut leur faire confiance pour nous surprendre, en innovant ou au contraire en remettant au goût du jour les bouteilles consignées, en dépoussiérant le bar du coin en nouveau concept de « bar à bières », en perfectionnant le vieux growler ou la glacière, en reprenant la boite de son grand-père, en créant le calendrier de l’avent façon beer lover. Ce sont les rois du contre-pied car, dans le même temps, d’autres développent des algorithmes pour créer la bière du futur sur base d’intelligence artificielle ou ouvrent le premier salon virtuel du brasseur.

Les jeunes n’ont pas beaucoup de budget, alors ils se débrouillent pour dénicher les bons plans bière sur leur smartphone avec Toogoodtogo par exemple, les plus malins pourront même boire des bières gratos. Là aussi le covid est passé et de nouvelles pratiques sont apparues, on se fait beaucoup livrer maintenant et le click and collect a du succès aussi.

Ils découvrent la bière, passent de la phase »beurk j’aime pas » à « on sent bien le dryhopping sur celle-là », ils évoluent et progressent en fréquentant (sauf fermeture… ) les bars, terrasses, cafés, restaurants, estaminets et boites de nuit, les fêtes et festivals, lieux majeurs pour toutes les découvertes.

 Idem dans le cercle familial, grand lieu d’échanges, le confinement ne va pas aider à revoir le tonton qui leur ferait découvrir une Duchesse de Bourgogne ou leur parlerait du temps où il allait acheter sa St Sixtus à Westvleteren. Reste le cercle familial proche, plus restreint évidemment, où un jour, curieux ou lassés des « softs » proposés par les fast food, ils finiront par aller goûter la Rodenbach à papa ou une craft locale en stock à la cave, mais pas touche à la Charles Quint car interdite aux moins de 35ans, on ne « kiffe » pas une Ommegang.

Cela dit, parlons entreprise, l’argent étant le nerf de la guerre, comment font-ils pour trouver des fonds pour s’installer quand ils arrivent les mains vides sur un marché inconnu des banquiers trop frileux ? Hé bien ils partent voir ailleurs et ils trouvent le crowdfunding, les micro-crédits, les prêts d’honneur, le financement éthique ou la débrouille. Pour certains le pari a fonctionné, pour d’autres la stratégie devra être reconsidérée mais le financement participatif a le vent en poupe, KissKissBankBank, Miimosa, Ulélé, Tributile, Tudigo, mettent en ligne de nombreuses campagnes avec à chaque fois plusieurs niveaux ou solutions de retour sur investissement.

Certains jeunes ont bouleversé les codes avec succès, la brasserie écossaise Brewdog a tout chamboulé, ligne de produit, philosophie, design, apport de fonds et actionnariat participatifs au moyen de leur programme Equity for Punk, influence sur les réseaux sociaux, partage de recettes, tout cela en produisant des bières goûteuses et authentiques. Paradoxal vous avez-dit ? Exemple à suivre ? Dans la région chez Anosteké on sent bien aussi cette énergie, ils jouent, eux, sur d’autres valeurs clef, notre patrimoine, les estaminets, le régional, les Flandres, la bière bien sûr et le consommer local.

Les amis, il faut savoir rester jeune et la bière est un très bon moyen d’y parvenir, regardez ce ne sont pas quelques siècles chez Meteor qui les empêchent de se donner un sacré coup de jeune, et pour 25 ans de brassage on dira que la question ne se pose même pas pour d’autres. Et après tout, si à 78 ans Paul chante « Let it beer » et à 62 ans Bruce hurle encore « Run to the beers », on peut penser que la bière doit aider à rester jeune. La bière fontaine de jouvence, concept intéressant qui demande vérification, à la bonne votre les jeunes.

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Pierre ULTRÉ